La France veut-elle rester une terre de production industrielle pharmaceutique ? L’état des lieux diffusé fin 2012 par le cabinet Roland Berger Strategy Consultants, sonne comme un signal d’alarme.
Quatre constats y sont dressés. Si la balance commerciale des produits de santé reste performante, les flux s’affaiblissent car ils résultent d’un leadership focalisé sur quelques pays d’Europe de l’Ouest et des Etats-Unis, avec des marché à croissance limitée compte tenu d’un accès aux soins déjà développé.
L’export vers les marchés « pharmergents » reste faible.
Par ailleurs, les sites français, et particulièrement les sites majeurs, sont chargés à la moitié de leur capacité nominale. Or, la saturation des capacités est un facteur clé de compétitivité. Troisième constat, le secteur enregistre des facteurs pérennes de baisse de production au niveau de la demande, mais aussi un renouvellement limité que la planification n’a pas pallié par de nouvelles productions. Enfin, le développement de
la sous-traitance est nuancé par des relais de croissance hétérogènes. Les laboratoires ont privilégié la cession des sites sans effectuer de restructuration et les sous-traitants se retrouvent dans une forte pression de rentabilité quand ils n’ont pas la taille critique. Des leviers de maintien de la compétitivité ont été identifiés, comme l’assouplissement du cadre législatif de production de générique ou l’encouragement à la production de bio-similaires. Seule une démarche volontariste et collaborative entre industriels, régulateur et pouvoirs publics permettrait d’assurer un meilleur avenir…
Il y a urgence. Une étude mondiale présentée en février par Roland Berger révèle que la moitié des grands laboratoires prévoiraient de délocaliser leurs services administratifs, commerciaux et R&D vers les marchés émergents. Recentrage ou simple ciblage ? L’horizon de la pharmacie française pourrait autant se jouer ici... que là-bas.