Eau de pluie: A-t-elle sa place dans le monde industriel ?

Le 07/04/2010 à 15:14 par La rédaction

On le sait l’eau va coûter de plus en plus cher. Alors, plutôt que de puiser dans le réseau, certains regardent avec envie l’eau qui tombe du ciel avant de s’échapper dans la gouttière. Mais la récupération d’eau de pluie a-t-elle un sens économique et écologique pour un industriel ? Une question qui mérite d’être posée.

Quand il pleut sur la France, toutes les régions ne sont pas également arrosées, mais globalement nous aurions tort de nous plaindre. Selon , 500 milliards de m3 d’eau tombent chaque année sur notre territoire soit un flux disponible de 3 000 m3 par an et par habitant. En réalité que récupérons nous là-dessus ? Indirectement, tout ce que nous consommons par le biais des nappes souterraines, mais directement, quasiment rien ou presque plus rien, si l’on se compare aux générations qui nous ont précédé qui, elle, avaient mis au point toute une panoplie de systèmes de captage pour récupérer l’eau directement à la source... c’est-à-dire tombée du ciel. Néanmoins, les techniques d’approvisionnement en eau courante se sont tellement développées en l’espace de quelques dizaines d’années que nous sommes devenus de gros consommateurs d’eau. Nous l’utilisons abondamment pour boire, se laver, nettoyer : linge, vaisselle, sols, voitures... Et l’on ne parle ici que de l’eau utilisée par les particuliers. Les collectivités sont devenues également de grosses consommatrices d’eau. Que ce soit à usage sanitaire, d’arrosage, pour les voiries, les espaces verts, les piscines municipales. Et puis, n’oublions pas les industriels. Certaines industries comme celle de la fabrication du papier sont grosses consommatrices d’eau, mais elles ne sont pas seules, les industries agroalimentaire, chimique, mécanique... toutes ou presque font un usage intensif de l’eau soit pour leur process, soit pour nettoyer. Une eau qui vient quasi exclusivement du réseau, même si elle peut, ensuite, être recyclée pour être utilisée à nouveau. Le problème, c’est que cette eau coûte de plus en plus cher (plus de 3 euros le m3) et finit par peser lourd dans le prix de revient des produits fabriqués. Voilà pourquoi, un certain nombre d’entrepreneurs à l’image des particuliers tournent leurs yeux vers les nuages et vers leurs toitures en se disant qu’il pourrait être intéressant de récupérer l’eau de pluie. Mais il ne faut pas se leurrer, pour la plupart d’entre eux il ne s’agirait que d’un appoint, tant leurs besoins sont importants.

Récupérer l’eau de pluie est-il légal ?

De toute évidence, pendant longtemps, la question ne s’est pas posée, chaque propriétaire ayant « le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds » aux dires de l’article 641 du Code civil. Mais la récupération d’eau de pluie devenant une préoccupation citoyenne, il était temps de cadrer ce qui est légal et ce qui ne l’est pas. Le 29 août 2008 a donc été publié au Journal Officiel un arrêté relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments. Cet arrêté s’inscrit dans le cadre de la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 et succède à un premier arrêté du 4 mai 2007 introduisant un crédit d’impôt sur ces installations. Cet arrêté du 21 août 2008 était très attendu de la part de propriétaires qui ne trouvaient pas de réponses satisfaisantes à nombre de questions qu’ils se posaient.

Que stipule cet arrêté ?

Concernant les usages autorisés, l’eau de pluie doit être réservée à :

  •  des usages extérieurs (arrosage, lavage des véhicules, etc.) ;
  •  l’alimentation des chasses d’eau et le lavage des sols ;
  • à titre expérimental, le lavage du linge, sous réserve d’un traitement adapté de l’eau de pluie assurant notamment une désinfection. Il faut dans ce cas faire une déclaration des dispositifs auprès du ministère de la santé et une transmission des éléments aux agences d’expertise pour analyse des risques sanitaires ; 
  • les usages professionnels et industriels, à l’exception de ceux requérant l’usage d’une eau potable. L’eau de pluie doit être collectée à l’aval de toitures inaccessibles, à l’exclusion des eaux collectées sur d’autres surfaces.

Concernant les règles techniques générales, l"arrêté du 21 août 2008 prévient que :

  • tout raccordement, qu’il soit temporaire ou permanent, du réseau d’eau de pluie avec le réseau d’eau potable est interdit ;
  • l"appoint (éventuel) depuis le réseau de distribution d’eau potable est assuré par un système de disconnexion par surverse totale installé de manière permanente ;
  • à proximité immédiate de chaque point de soutirage d’eau de pluie et de chaque WC alimenté par de l’eau de pluie doit être implantée une plaque de signalisation qui comporte la mention « eau non potable » et un pictogramme explicite.

Des règles techniques ont été précisées en cas d’utilisation d’eau de pluie à l’intérieur du bâtiment, à savoir :

  • la présence de robinets de soutirage d’eau potable et d’eau de pluie est interdite dans la même pièce (à l’exception des caves, sous-sols et autres pièces annexes à l’habitation) ;
  • les robinets d’eau de pluie sont verrouillables ;
  • les canalisations de distribution d’eau de pluie sont repérées de façon explicite ;
  • une fiche de mise en service attestant de la conformité de l’installation doit être établie par la personne responsable de la mise en service de l’installation.

Enfin, cet arrêté définit les obligations du propriétaire en termes d"entretien des installations et d"informations.

Côté entretien : les équipements de récupération de l’eau de pluie doivent être entretenus régulièrement, notamment par l’évacuation des refus de filtration. L’arrêté fixe une périodicité de vérifications (6 mois) et de maintenances (12 mois). Tous ces actes seront consignés dans un carnet sanitaire.

 Côté information : le propriétaire du bâtiment dédié à l"eau de pluie devra en outre : informer les occupants du bâtiment du dispositif mis en place et faire une déclaration des installations, en mairie, en cas de rejet d’eaux de pluie au réseau d’assainissement collectif (article R 2224-19-4 du code général des collectivités territoriales).

Si cet arrêté semble contraignant, il a le mérite de définir les droits et les obligations des particuliers, collectivités et industriels qui désirent récupérer leurs eaux de pluie. Nous voilà prévenus.

 Normes : un encadrement précis prévu pour 2010

Côté normes, les experts du métier travaillent depuis maintenant deux ans pour mettre en place une norme française « eau de pluie », contrôlant ainsi les règles de bonnes pratiques relatives à l’installation d’un système de récupération d’eau de pluie. Plusieurs éléments majeurs sont au centre de leur réflexion : le stockage, l’utilisation extérieure, la performance des citernes, la filtration, la prévention des interconnexions, mais surtout la validation des compétences pour les installateurs. Une obligation de maintenance et d’entretien sera également au coeur de cette nouvelle norme. La commission de normalisation AFNOR est actuellement en relecture de cette nouvelle norme. Elle sortira officiellement en janvier 2010. Accentuée sur l’aspect technique des installations, La norme NF eau de pluie précise les conditions d’installations et normalise le métier.

 Quid de la taxe d’assainissement de l’eau de pluie ?

La question est abordée par Sylvie Luneau, journaliste, dans son livre intitulé « Récupérer l’eau de pluie » édité chez Ulmer. Il en ressort, qu’à ce jour, la réponse semble encore mal définie. En effet, le Code des collectivités locales (Art.R. 2224-19-4) stipulait déjà que : « toute personne tenue de se raccorder au réseau d’assainissement et qui s’alimente à une source qui ne relève pas d’un service public » devait en faire la déclaration à la mairie. La commune pouvait alors facturer l’assainissement de l’eau de pluie, soit en imposant un compteur, soit en établissant une taxe forfaitaire en fonction du nombre d’habitants selon le principe de « pollueur payeur ». En pratique il semble qu’il n’existe pas une seule commune qui ait recours à une telle taxe pour un raison toute simple, elle obligerait à développer une chaîne de facturation plus chère que ce que la facturation rapporterait. Cependant, fait remarquer Sylvie Luneau dans son ouvrage « Avec le nouvel arrêté 2008, il n’est pas impossible que cette taxe prenne forme ».

Quelle est la qualité des eaux de pluie ?

« Commençons par bien préciser les choses » insiste Valery Jimonet Pdg d’Ozélo et président du SNAREP (Syndicat national des acteurs de la récupération de l’eau de pluie) « Quand on parle d’eau de pluie, il faut bien distinguer ce que l’on appelle les eaux météoriques et les eaux pluviales, car elles n’ont pas la même nature ». Une eau météorique est une eau qui tombe du ciel pour atteindre la surface de la terre soit sous forme liquide, soit sous forme solide (neige, grêle). Ces eaux météoriques représentent 93 % des précipitations en France, les 7 % restant étant déposées sous forme de rosée, de givre... Dès que ces eaux météoriques entrent en contact avec la terre, elles portent le nom d’eaux pluviales. La distinction est importante, car la composition d’une eau météorique est très différente de celle d’une eau pluviale. Selon une étude réalisée par l’Office international de l’eau et de l’université de Montpellier, les gouttelettes d’eau qui tombent du ciel absorbent au passage des particules atmosphériques et dissolvent les gaz contenus dans l’atmosphère. Au final, on pourra retrouver dans une goutte de pluie, des sulfates, de l’ammonium, des oxydes d’azote, des ions chlorure et des ions sodium, mais pratiquement pas de calcium ni de magnésium. Il y aura donc peu ou pas de dépôts à l’intérieur des canalisations.

Par contre quand cette eau météorique se transforme en eau de pluie appelée aussi eau pluviale, elle récupère tout ce que la pollution atmosphérique peut laisser comme traces sur les toitures et là, le cocktail peut être détonant comme l’explique Sylvie Luneau : « sable pollen, ammoniac, oxyde d’azote, mercure des volcans, retombées atmosphériques des industries, de la circulation automobile (hydrocarbures, PCB, plomb, cadmium...), de l’agriculture (nitrates, pesticides...) ou tout simplement de déjections d’oiseaux ». S’il n’existe pas encore de normes de qualité concernant les eaux de pluies, il apparaît toutefois que le taux de pesticides, notamment, peut être très élevé. De ce fait, le ministère de la Santé a pris une position très nette et sûrement très sage : « les eaux collectées en aval des toitures ne peuvent être considérées comme des eaux potables ». Il s’appuie pour cela sur l’avis du Conseil supérieur d’hygiène publique de France.Valery Jimonet, Pdg d’Ozel

Valery Jimonet, Pdg d’Ozelo et Président du SNAREP

 

Prise de conscience

En matière de récupération d’eau de pluie « nous sommes passés du réflexe à l’obligation » résume Valéry Jimonet « à l’origine, il y avait un réflexe consistant à essayer de contenir l’eau. Aujourd’hui, nous agissons plutôt par obligation et l’état fait son travail en publiant un décret autorisant l’utilisation de l’eau de pluie dans une habitation, ce qui auparavant était interdit ». Cette eau a plusieurs valeurs : une valeur économique et une valeur écologique, voire une valeur biologique. C’est le cas dans le domaine agricole où l’utilisation d’une eau exempte de calcaire permettra à l’agriculteur d’économiser 20 à 25 % de produits phytosanitaires lorsqu’il réalise ses traitements. Car une eau du robinet chargée en minéraux diminue l’efficacité des produits phytosanitaires. En revanche, la récupération de l’eau pluviale chez les industriels en est encore à ses balbutiements. « Aujourd’hui peu d’industriels récupèrent l’eau de pluie » constate Valery Jimonet « Il en existe cependant certains comme le site Renault de Maubeuge qui consomme pas moins de 570 000 m3 d’eau par an, dispose de 390 000 m2 de surfaces couvertes, et peut récupérer jusqu’à 300 000 m3 d’eau pluviale en une année. Cela fait déjà 8 ans que cet industriel a pris conscience des gains qu’il pouvait réaliser grâce à la récupération d’eau de pluie ».

 Y a-t-il des freins à l’utilisation de l’eau de pluie dans le monde industriel ?

 Prenons nos voisins Allemands. Ils sont, de toute évidence, plus avancés que nous sur le terrain de la récupération de l’eau de pluie. L’explication tient en partie à leur engouement pour les solutions écologiques, mais pourquoi une telle longueur d’avance ? Pour le président du SNAREP, il est nécessaire de bien distinguer les choses : « Les Allemands sont plus avancés, mais avec des positions moins draconiennes ». La France a une organisation en terme de gestion de son eau qui est assez unique. La délégation de service publique auprès de partenaires privés pour la gestion des réseaux d’eau n’existe pas en Allemagne. En France, par contre, les installateurs de systèmes de récupération d’eau de pluie sont prévenus sur le fait qu’ils ne peuvent pas interconnecter les réseaux de récupération d’eau de pluie avec le réseau d’eau du robinet, afin d’éviter tout risque de contamination de ce réseau. Une démarche tout à fait justifiée, puisque l’on ne connaît pas la qualité de l’eau de pluie. Il y aurait effectivement d’énormes risques de « polluer » le réseau d’eau potable, raison pour laquelle, dans la boucle législative, la DASS est présente. « En Allemagne, l’approche est différente » soutient Valery Jimonet « il n’y a pas de contrôles aussi rigoureux et il est possible de boire ou de faire boire de l’eau de pluie à ses convives. En France c’est illégal ». Malgré ces contraintes, il y a chez nombre d’industriels une prise de conscience de l’intérêt d’utiliser les eaux pluviales. Encore faut-il sauter le pas et, en cette période de crise économique, il faut bien reconnaître que les industriels ont des préoccupations économiques plus urgentes que celle de la récupération d’eau de pluie. Mais l’intérêt des industriels pour la récupération d’eau de pluie ne fait aucun doute pour le Président du SNAREP : « Oui, il y a une préoccupation des industriels. Oui il existe des réponses techniques en terme de récupération d’eau de pluie. Oui, économiquement c’est intéressant. Et en plus, c’est psychologiquement déculpabilisant vis à vis de l’environnement ». Il faut juste un peu de patience, car il y a dans le monde industriel, de façon évidente, une capacité d’utilisation de l’eau de pluie. Il faut juste pour cela disposer d’une capacité de récolte suffisante (surface de toitures), définir sa consommation et connaître le taux de pluviométrie. Et Valery Jimonet insiste sur un point crucial « Ce n’est pas uniquement la quantité d’eau qui tombe qui compte, mais la périodicité des chutes de pluie qu’il faut prendre en compte ». Une bonne périodicité permet d’éviter de surdimensionner les stockages.

Autre spécificité du domaine industriel, l’importance de déterminer : la consommation d’eau de l’entité industrielle pour les usages sanitaires, et celle utilisée pour le process. Or pour l’installateur, la capacité à équiper l’industrie en eau de process a comme variable : la nécessité de savoir de quelle eau le process a besoin ? En effet, certains domaines, requièrent une eau précise. Or si l’eau de pluie présente certaines qualités, elle a aussi des manques et notamment une absence de minéraux. Il est donc nécessaire de mesurer précisément si l’eau de pluie correspond aux besoins du process. Enfin, il ne serait pas complètement juste d’aborder le sujet de la récupération d’eau de pluie dans le but d’une opération de process industriel sans aller au bout du tuyau, en se posant la question : que va devenir cette eau une fois utilisée dans le process de l’usine. Une question à laquelle les industriels sont déjà sensibilisés.

 

 

 

 

 

à qui faut-il confier sa récupération d’eau de pluie ?

Le domaine de la récupération est un secteur naissant avec tous les risques que cela comporte en termes d’entreprises qui se proclament spécialistes de la récupération d’eau de pluie sans en avoir forcément les capacités. D’où l’intérêt de s’adresser à un syndicat chargé de regrouper les acteurs du domaine online casino blackjack concerné. Acteurs qui soient capables d’apporter des solutions cohérentes à leurs clients... C’est ce que suggère le président du SNAreP « Aujourd’hui, nous sommes en sortie de crise dans un marché opportuniste dans lequel des personnes sans compétence particulière ont certainement envie d’aller s’inscrire, à défaut de savoir faire autre chose et cela va forcément générer des catastrophes. J’invite les personnes qui souhaitent avoir des informations sur la récupération d’eau de pluie à veiller à ce que l’entreprise qu’ils vont interroger dispose d’un bureau d’Études avec des personnes qui possèdent des diplômes suffisants, notamment des diplômes concernant la gestion de l’eau. Des professionnels qui savent appréhender ce qu’est une pompe, ce qu’est l’eau et quels sont les moyens à mettre en oeuvre pour gérer cette eau. Il faut également des garantie dont la une garantie décennale qui couvre notre métier ». L’industriel doit redoubler de prudence en ces temps difficiles, car certaines sociétés, pourtant reconnues ne résistent pas à la crise. C’est le cas de Skywater obligée de déposer le bilan ou eaux de France qui a connu un passage difficile « mais devrait redémarrer son activité très prochainement après l’entrée au capital d’un nouvel actionnaire » nous a assuré son créateur Thierry mathon.

Un cas concret, celui d’Auchan à Compiègne

« A l’origine, c’est le Bureau d’Etudes en charge de la mission globale d’implantation du nouveau centre commercial Auchan à Compiègne qui a contacté le GIE France Pluie » rappelle William Mauffroy créateur et dirigeant d’Ingeneo, le Cabinet d’Etudes dédié à France Pluie. « Parmi les trente lots compris dans cette mission, l’un était dédié à la récupération d’eau de pluie ». C’est donc SDO, la société du groupement la mieux placée géographiquement qui a pris en charge ce chantier. Le devis a été fait sur plan et la construction de l’ensemble a été réalisée en quelques mois. Ingeneo, (c’est le nom du Bureau d’Etudes de France Pluie) n’a donc pas eu à réaliser l’ensemble de l’étude, cependant son intervention n’a pas été vaine, puisque la solution globale prévoyait des cuves pour un total de 300 m3, et Ingeneo dans son étude complémentaire et ramené ce volume à 100 m3, puis SDO (l’une des sept entreprises du GIE) a pris le relais.

Au coeur du projet, une cuve de 100 m3

La plus grosse difficulté sur ce type de projet de récupération d’eau sur un site de grande envergure se situe au niveau de la cuve. Avec ses 100 m3 de volume, elle mesure 2,80 m et doit être enterrée à 3 m au-dessous du niveau du sol. Cette cuve dédiée exclusivement aux sanitaires du Centre commercial a été fournie toute équipée, prête à être raccordée et à fonctionner selon le principe du « plug & play ». Autrement dit, SDO a acheté une cuve sur mesure à l’un de ses fournisseurs attitrés et réalisé un l’assemblage comprenant une pompe et un filtre spécifique conçu par France Pluie. Dans le cas présent, la cuve installée est en acier avec des parois de 22 mm d’épaisseur, pour résister à la pression. Au total, cette cuve pèse 22 tonnes. « Mais France Pluie propose également des cuves en béton » rappelle William Mauffroy. Livrée et installée le 11 août dernier cette cuve a nécessité certaines précautions lors de sa mise en place. « La difficulté c’est que le site est à proximité de l’Oise (la rivière), et la nappe d’eau très proche de la surface du sol. La cuve aurait donc pu être victime de la poussée d’Archimède en cas de remontée des eaux. Avant la pose, il a donc été nécessaire d’effectuer un rabattement de nappe et de lester la cuve avec du béton pour éviter que, même vide, cette cuve ne remonte en soulevant le sol au-dessus d’elle. Les eaux récoltées dans cette cuve sont exclusivement des eaux de toitures. Elles tra versent d’abord des filtres grossiers en haut de toiture puis subissent une filtration à 200 microns grâce à un filtre autonettoyant (une petite partie de l’eau qui arrive est utilisée pour faire un courant qui sert à nettoyer la surface du filtre en permanence). « Cette eau filtrée à 200 μ serait utilisable directement » rassure William Mauffroy « mais Auchan, a préféré ne prendre aucun risque et l’eau passe donc ensuite sur un filtre à 30 μ avant de rejoindre les sanitaires ». Parallèlement à cette cuve, deux petites citernes de 7 m3 chacune ont été ajoutées pour le lavage des sols. Un tout petit volume, car il faut moins d’1 m3 par jour pour effectuer cette opération. « Grosso modo nous dimensionnons les réserves pour trois semaines » résume William Mauffroy « Ici on estime que 5 m3 d’eau par jour seront utilisés pour les sanitaires ».

 

 

 

 

 

 

 Une démarche d’image et aussi de rentabilité

 En récupération d’eau de pluie pour ce type d’application, le meilleur retour sur investissement que j’ai vu est de 2,5 ans » se souvient William Mauffroy « mais c’est rarissime et le plus long est d’environ 10 ans. Dans le cas présent ce sera entre 7 et 10 ans ». Evidemment ce sont les gros consommateurs d’eau qui obtiennent les meilleurs retours. C’est la raison pour laquelle il faut dimensionner les cuves et leur nombre en prenant en compte tous les éléments possibles d’utilisation des eaux pluviales (arrosages de pelouse, stations de lavage de véhicules, stockage d’eau recyclée...). Plus que la ressource, c’est la consommation d’eau qui justifie un investissement en récupération d’eau de pluie. Certains domaines qui sont gros consommateurs d’eau, présentent tous les signes d’un retour sur investissement rapide, d’autant qu’ils ne nécessitent pas forcément des volumes de stockage très importants, puisqu’ils consomment l’eau rapidement. « Pour d’autres industriels la récupération d’eau de pluie peut être une alternative intéressante à un problème d’approvisionnement » reprend le dirigeant d’Ingeneo : « L’Agence de l’eau fait une guerre aux forages « pas toujours déclarés » que certains industriels utilisent depuis des dizaines d’années sans en avoir forcément l’autorisation. Nous avons ainsi l’exemple d’une entreprise dont l’activité était menacée, notamment à cause de son utilisation d’eau de forage et qui a réussi à pérenniser son activité grâce à différentes techniques dont la récupération d’eau de pluie, le recyclage des eaux usées... ».

Les industriels sont-ils impliqués dans la récupération d’eau de pluie ?

 De toute évidence, les grandes surfaces sont très impliquées dans la gestion de l’eau en général, car elles bénéficient à la fois du retour sur investissement et de l’image de marque. En revanche, un industriel a moins besoin de communiquer sur cette image de préservation des ressources. « Actuellement, nous avons donc une demande importante de la part de la grande distribution en général sur des projets de gestion globale de l’eau » affirme William Mauffroy. Ce sont essentiellement les nouvelles installations qui sont concernées par ce type d’investissement, mais il existe aussi des aménagements sur des sites existants. L’augmentation du prix du mètre cube d’eau d’eau est une forte motivation à investir en ce sens. Gageons que les industriels ne resteront pas insensibles aux sirènes de la récupération de l’eau de pluie (voir le cas de Milton Roy en rubrique Actualité). C’est surtout une augmentation du prix de l’eau qui pourrait les pousser à investir en ce sens. Les industriels sont avant tout des pragmatiques.

Récupérer l"eau de pluie

Si vous désirer mieux saisir tous les contours du sujet « eaux pluviales », procurez vous l’ouvrage « récupérer l’eau de pluie » écrit par Sylvie Luneau. et édité par Ulmer dans la collection Habitat écologique. Ce livre permet une première approche très documentée de la récupération d’eau de pluie pour la maison. Très clair dans ses explications, il comporte également de nombreux schémas et éclatés pour mieux comprendre les solutions possibles.

Gérer sa récupération d"eau de pluie et son eau de réseau : Grundfos propose des solutions. 

Une fois l’eau de pluie récupérée, il faut pouvoir en disposer. Grundfos propose des solutions :

  • Le système rmQ avancé ou basique : il s"agit d"un système centralisé permettant le contrôle et le basculement normalisé en appoint sur le réseau d"eau potable ;
  • Le kit SPo : Quand la réserve est éloignée du point d"utilisation, elle nécessite une pompe immergée. Un appoint automatique peut être réalisé ;
  • JP System convient lorsque l"installation n"est prévue que pour des applications extérieures telles que arrosage, nettoyage extérieur...
  • mQ System est un système automatique simplifié permettant le basculement normalisé en appoint sur le réseau d"eau potable. Grundfos propose également tout un éventail de composants tels que : crépine d"aspiration, filtres 20μ, filtre gouttière, kit d"appoint, réserves de 500 à 1 300 L à équiper ou réserves de 4 000 à 8 000 L équipées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

gaël d’Argentré