La nomination récente par le Parlement européen de Corinne Lepage, comme rapporteur pour le dossier controversé des agro-carburants, associée aux propositions de la Commission européenne de restreindre la conversion de terres en cultures destinées à ce type de production, met sous le feu des médias une question de fond également sous-jacente au débat sur le gaz de schiste. Face à un enjeu énergétique, érigé telle une épée de Damoclès sur le développement mondial de demain, quelle peut être la marge de manoeuvre accessible pour le socle économico-industriel d’aujourd’hui ? Ainsi formulé, notre regard sur ce que l’on appelle la « transition énergétique » se révèle bien plus lié au devenir des parties en présence qu’à une véritable « vision d’avenir ». Cette approche est probablement liée à une question de temps : quelle est l’échéance dans laquelle se projettent les décideurs d’aujourd’hui, c’est-à-dire les politiques et les financeurs ? N’a-t-on pas simplement cadré le « durable » comme pour mieux le digérer aujourd’hui. Et surtout, y-a-t-il place pour l’imagination créative telle celle célébrée de Léonard de Vinci ? Bien sûr, le génie créatif existe ; l’essor des « Nouvelles technologies » en est l’incontournable illustration. Les biocarburants aussi. La question est peut-être simplement d’en ancrer le sens dans le temps. Dans un récent article intitulé « Bioéthanol à base betterave, un atout pour la France ? », notre confrère Techniques de l’ingénieur, souligne chiffres à l’appui que le bioéthanol n’empêche pas la production de sucre en Europe. Et précise : quand les pétroliers et Bercy se réunissent pour savoir comment baisser le prix de l’essence, Alain Jeanroy, directeur général de la Confédération Générale des Planteurs de Betteraves, leur répond qu’« il suffit de mettre des pompes et distribuer le carburant moins cher ».
LE JOURNAL DES FLUIDES DéCEMBRE 2012 - JANVIER 2013 N°53