Le Syndicat National des Entrepreneurs Concepteurs et Réalisateurs de Stations de Pompage (SNECOREP) a pour vocation de soutenir aussi bien les installateurs de stations de pompage que les fournisseurs d’équipements. nous avons échangé avec Frédéric Wattebled, président du SNECOREP, qui nous présente ici le rôle, les missions et la vision marché du syndicat.
Quel est votre parcours professionnel ?
Diplômé ingénieur en ESTP depuis 1992, j’ai d’abord travaillé en direction de travaux, puis en gestion administrative dans des entreprises de pompage et de traitement de l’eau. Il y a maintenant quatre ans, j’ai repris la gestion de l’entreprise Fournié, suite au départ en retraite de l’ancien dirigeant. En 2016, j’ai participé à la transformation de la société en SCOP. Parallèlement, j’ai rejoint le SNECOREP dès 2005 en tant que membre du Conseil d’administration, puis vice-président pendant six ans avant de prendre, en 2016, la présidence du syndicat.
À l’initiative de qui ?
Frédéric Wattebled : C’est en 1962 que le SNECOREP a réellement été mis en place. À l’époque, le syndicat se nommait la « Huitième section de la Chambre syndicale des entreprises et industries de l’hygiène publique ». Elle regroupait déjà les entreprises réalisatrices de stations de pompage. Un tournant majeur a été opéré en 1986 : les techniques avaient beaucoup évolué et il était alors justifié de se présenter comme un syndicat national indépendant, non rattaché à la Chambre syndicale de l’hygiène publique. La dénomination « Syndicat National des Entrepreneurs Concepteurs et Réalisateurs de Stations de pompage », ou SNECOREP, a alors été adoptée. En 2000, le SNECOREP avait rejoint Les Canalisateurs de France en tant que membre correspondant, mais en 2007, nous avons adhéré à la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) directement. Nous sommes désormais le dix-huitième syndicat de spécialité de la FNTP.
Comment devient-on adhérent ?
F. W. : Actuellement, nous comptons environ soixante-cinq adhérents, qui se subdivisent en deux entités : les entreprises qui réalisent la conception et la réalisation des stations de pompage, et les membres correspondants qui sont, eux, fournisseurs d’équipements. Ces deux types d’adhérents ne sont pas mis côte à côte : notre objectif est de favoriser les rencontres entre les deux. Nous avons vocation à garantir le pont entre le monde de l’usine et le monde du chantier. Tous les installateurs qui réalisent la conception et la réalisation de stations de pompage peuvent devenir adhérents au SNECOREP, sans même nécessairement être adhérent à la FNTP. L’adhésion à la FNTP reste toutefois un réel atout puisqu’ils bénéficient d’une carte professionnelle avec des identifications professionnelles, permettant de répondre directement aux appels d’offres de pompage. Ces identifications professionnelles garantissent en effet aux maîtres d’oeuvre et maîtres d’ouvrage que l’entreprise est techniquement apte. En ce qui concerne les fournisseurs d’équipements, on ne demande bien entendu pas de certificats de capacité de travaux, mais nous cherchons à voir s’ils sont reconnus sur la place publique. Dans tous les cas de figure, pour devenir adhérent, il est nécessaire d’être parrainé par deux entreprises déjà adhérentes. Cette condition est utile pour mettre en avant des entreprises qui ont un réel savoir-faire. Évidemment, nous étudions aussi en Conseil d’administration le dossier administratif et technique pour validation. Encore une fois, ce que nous voulons, ce sont des entreprises capables d’apporter une plus-value à nos clients, d’apporter des solutions techniques.
Concrètement, quelles sont vos actions aujourd’hui ?
F. W. : Notre premier rôle est d’assurer une veille technique, administrative et juridique aussi large que possible pour tenir au courant nos adhérents des nouveautés et de l’actualité. C’est d’ailleurs pour cette raison que nos relations avec les membres correspondants maîtres d’ouvrage et maîtres d’oeuvre : nous organisons régulièrement des réunions où les différents métiers, qui évoluent normalement de manière indépendante, se retrouvent. C’est en effet plutôt rare d’avoir autour d’une même table, et en dehors d’un chantier, un installateur, un fournisseur, un maître d’ouvrage et un maître d’oeuvre. Parmi nos actions, nous pouvons aussi mettre en avant nos différents guides de bonnes pratiques, qui sont, pour certains, librement mis à disposition sur notre site Internet, et pour les autres disponibles à la vente. Enfin, le SNECOREP accorde une grande importance à la formation. Les métiers du pompage sont spécifiques et peu connus, et le fait est qu’aujourd’hui, nous avons du mal à trouver du personnel qualifié pour embaucher. Afin de promouvoir nos métiers, nous avons par exemple établi un partenariat avec le lycée AGROTEC de Vienne (38) pour la licence professionnelle « Chargé de projet en électro-hydro-mécanique en système de pompage ».
Avez-vous des synergies avec d’autres organismes ?
F. W. : Nous ne sommes pas seuls dans le monde du pompage, et plus largement dans le monde des travaux publics. Nous participons aux projets d’autres organismes, ne serait-ce que pour réaliser un suivi. Nous sommes aussi régulièrement amenés à travailler avec d’autres organismes, comme l’Union Nationale des Industries et Entreprises de l’Eau (UIE) ou Evolis, anciennement Profluid, par exemple. Finalement, nous participons à peu près à toutes les instances françaises qui s’intéressent à l’eau. Nous profitons de tout ce qui peut nous amener à bien comprendre l’évolution de nos métiers, voire influencer certaines instances. C’est aussi cela notre rôle : défendre le savoir-faire de nos entreprises et éviter que certaines normes soient parfois trop déconnectées de la réalité.
La reprise « post-Covid-19 » est-elle enclenchée ?
F. W. : Il est évident que la crise sanitaire que nous connaissons a des impacts sur nos entreprises adhérentes. Une partie d’entre elles a travaillé puisque certains chantiers ne se sont pas arrêtés. D’autres proposent des services de SAV et de maintenance 24/24h : il était naturellement impensable de ne pas assurer ces astreintes. À la mi-juin, les entreprises du SNECOREP ont toutes repris, à hauteur de 80 % de leurs activités. Il ne s’agit pas de problèmes internes, mais d’une adaptation aux clients qui ne sont, eux, pas forcément tous opérationnels. Il faut toutefois rester prudent puisque nous risquons de sentir les effets d’ici trois à six mois. Pendant les mois de confinement, aucun appel d’offres n’est sorti : cela est vrai pour les entreprises de pompage, et plus largement pour celles des travaux publics.
À la sortie de cette crise sanitaire, quelles sont vos attentes ?
F. W. : Nous sommes très attentifs aux annonces qui seront prochainement faites en ce qui concerne le financement des collectivités territoriales, puisque la plupart de nos clients sont les collectivités et les syndicats d’eau. L’État, au travers des agences de l’eau, devrait annoncer un plan de relance important. Il s’agirait là d’un signal fort qui permettrait à notre secteur de ne pas être trop impacté. Il ne faut pas aussi oublier que le domaine de l’eau peut aussi tout à fait participer au développement environnemental de demain. En France, nous avons beaucoup de stations de pompage anciennes : nous avons aujourd’hui des équipements bien plus performants qu’il y a une dizaine d’années. Si nous les changions, les collectivités pourraient réaliser des gains importants en ce qui concerne la consommation énergétique. Les collectivités doivent aujourd’hui bien prendre en compte que la révision des installations engendrerait des économies d’énergie substantielles. Nous pourrions aussi nous intéresser aux rejets des stations de traitement : il est aujourd’hui très difficile d’obtenir les autorisations pour utiliser les eaux de rejets en eau brute. Si l’État simplifiait cette qualification, nous pourrions réutiliser les eaux de sortie des stations en eau brute et parfois éviter de puiser inutilement dans les sources d’eau potable. Le SNECOREP travaille dans ce sens et nous espérons que cela évoluera rapidement. Pour le moment, nous restons dans l’expectative que d’ici à la fin de l’année, si tout ce qui est annoncé sur la relance écologique est enclenché, nous y prendrons part.