La part du virtuel industriel
Nombre d’observateurs évoquent ces temps-ci le concept d’« usine intelligente », comme si, jusqu’alors, les industriels étaient des gens bornés, incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Peu d’entre eux semblent pourtant décidés à partir en croisade contre ces blancs-becs arrogants à bannière numérique persuadés, tel Christophe Colomb, de construire un « nouveau monde » là où depuis des siècles se tisse une civilisation.
Point de croisées, ni de conquêtes, donc, mais une forme de convergence, en « bonne intelligence » (« gagnant-gagnant », comme il est dit). Convergence est le terme choisi pour définir ce que l’on appelle l’« Industrie 4.0 » née de l’union entre les (nouveaux) outils de conception, modélisation, contrôle et gestion, et les (anciens) outils de production et la production elle-même. D’un côté, le monde virtuel numérique, de l’autre, le monde réel des produits et objets. L’industrie 4.0 étant un ensemble de « Systèmes Cyber-Physiques » (CPS) constitués d’objets intelligents (outils, produits et moyens de transport) interconnectés.
Lancé en Allemagne, le concept est désormais mondial, de l’« Advanced Manufacturing Partnership » de Barack Obama au 12é plan chinois «Equipement Intelligents de Fabrication », en passant par l’« Usine du futur » de la « nouvelle France industrielle » de François Hollande.
De l’automatisation à la supervision et au système expert, l’excellence et l’efficacité poussent la gestion à prendre de la hauteur et surtout de l’ampleur, en intégrant toutes les composantes du « système industriel ». Idem pour tout système à gérer-contrôler, de la « maison intelligente » à la « voiture intelligente » et peut-être bientôt l’« éducation intelligente des enfants »…
Virtuel-réel ou simplement intellectuel-matériel ? Quand vous rentrez de vacances ou sortez du cinéma, votre tête ne pèse pas davantage qu’avant. Mon sentiment (qui ne pèse rien) est que la gestion n’est pas l’expertise métier, tout comme celui qui a fabriqué mon ordinateur n’est pas l’auteur de cet édito.
La vie est d’une insoutenable virtualité…
Pierre Mitev
Rédacteur en chef