Nos yeux et nos oreilles
Comme le souligne fort justement le document publié il y a peu par le Gimélec (lire rubrique « Enjeux »), nous serions bien mal inspirés de considérer le concept d’« Industrie 4.0 » comme un simple gadget.
En témoignent les multiples innovations présentées dans nos colonnes à longueur d’année, qui illustrent une progressive mutation par l’installation - l’instillation - du numérique au cœur des lignes de production, c’est à dire dans les fondations de ce que nous appelons ici le « process du vrac liquide ».
A commencer par les capteurs, qui s’affichent aujourd’hui résolument « intelligents ». Capables de relever des paramètres physico-chimiques classiques, tels que la pression, le débit, le niveau ou la qualité d’un liquide, ils se permettent dorénavant d’embarquer dans leur propre corps de quoi traiter, analyser et transférer les données sous forme numérique.
Bien loin de la logique de « finance industrielle », qui conduit notamment aujourd’hui à la création de « fermes industrielles » pour cibler des marchés prometteurs en s’inspirant des économies d’échelle de la production de masse, nous assistons là à une formidable logique d’« intelligence industrielle ». Il s’agit, en effet, de doter un savoir-faire reconnu de moyens nouveaux, permettant - d’une manière particulièrement radicale et inédite - d’optimiser la production, de la sécuriser, la rendre flexible et modulable, ou encore de la rendre moins énergivore, et, donc, au final effectivement plus rentable et « sustainable », comme il est dit dans les congrès.
Cette évolution est d’autant plus séduisante que, contrairement à l’exemple financier cité plus haut, il ne s’agit pas de développer une nouvelle approche de la production en misant sur de nouveaux acteurs, mais de renforcer le savoir-faire des industriels. La rentabilité est portée par la qualité de l’expertise.
Ces capteurs du nouveau monde 4.0, pour ne reprendre que cette illustration, ne sont que les yeux et les oreilles d’opérateurs dont l’expertise n’est nullement remise en cause mais dotée de nouveaux outils.
Gageons que nous reparlerons beaucoup ici de traçabilité, de gestion de flux et de sécurité, de capteurs de conditions, de maintenance prédictive,… et de la place de l’homme, avec l’acquisition nécessaire de nouvelles compétences.
Un menu particulièrement alléchant, exaltant pour les années, les mois, les jours, les heures à venir…
Bonne lecture.
Pierre Mitev
Rédacteur en chef