Une étude sur les perspectives du marché français du biogaz a été réalisée par le cabinet d’études, de conseil et d’analyse sectorielle Eurostaf (*). Le potentiel de l’Hexagone en matière de méthanisation serait encore largement sous-exploité, cependant, des évolutions réglementaires donnent un nouvel élan à la filière. Les acteurs français cherchent à se faire une place sur un marché où les conditions d’un décollage sont enfin réunies. Morceaux choisis.
La France est le quatrième producteur européen de biogaz, très loin derrière l’Allemagne. L’essentiel de la production de biogaz provient des centres de stockage et moins d’un quart d’entre eux le valorise. Les installations de méthanisation, quant à elles, se développent, mais surtout dans le secteur agricole où une trentaine d’unités sont en construction. En revanche, dans les secteurs de l’industrie et des stations d’épuration, peu de nouveaux projets voient le jour. Face à l’importance des gisements à exploiter, le potentiel que représente la valorisation énergétique des déchets organiques reste à concrétiser. Il faut savoir que le Grenelle de l’environnement prévoit une multiplication par quatre de la production d’électricité et de chaleur à partir de biogaz à l’horizon 2020 par rapport à 2010.
2012 marque un changement de cap au soutien du marché
A l’heure où les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables subissent plusieurs coups de rabots, les autorités publiques ont décidé de miser davantage sur la méthanisation. Jusqu’ici peu incitatifs, les tarifs d’achat de l’électricité issue du biogaz ont été réévalués en moyenne de 20 % fin 2011 (primes comprises). La hausse bénéficie en particulier aux petites installations, offrant de nouvelles perspectives pour la méthanisation à la ferme. Parallèlement, un cadre a été défini pour l’injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel avec la mise en place de mécanismes de soutien. Fort de ces nouvelles mesures, le marché du biogaz devrait connaître une accélération des investissements, en témoigne le nombre de demandes de raccordement aux réseaux de gaz déjà formulées. L’installation d’une unité de méthanisation offre ainsi aux producteurs de biogaz (exploitants agricoles, industriels ou collectivités) une solution pour traiter leurs effluents autant qu’un moyen de réduire leur dépendance énergétique et de trouver de nouvelles sources de revenus. Les opérateurs prennent position pour maîtriser toute la chaîne de valeur et proposer des offres clés en main. Profitant du dynamisme de leur marché intérieur, les constructeurs allemands dominent le secteur du biogaz en Europe et prennent position dans l’Hexagone. De leurs côtés, les opérateurs français, les plus importants (Degrémont, Vinci Environnement, OTV) sont spécialisés sur le créneau de la méthanisation des boues de stations d’épuration ou des ordures ménagères alors que de nouveaux entrants (Méthafrance, Verdesis...) se sont concentrés sur les installations de plus petite capacité pour le traitement des effluents industriels et agricoles.
Une filière encore émergente
Sur un marché de plus en plus concurrentiel, les facteurs clés de succès passent par l’innovation technologique (amélioration des rendements énergétiques des installations, meilleure gestion des digestat) et la commercialisation de solutions intégrées, allant de l’étude à l’exploitation des unités. Les entreprises de la filière allient ainsi leurs compétences afin d’être présentes sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Fonroche, par exemple, a signé un partenariat de cinq ans avec le Danois Bigadan pour exploiter sa technologie. Au-delà du jeu des alliances, l’élargissement à de nouveaux savoir-faire et les besoins accrus d’investissement devraient pousser à la consolidation d’une filière encore émergente.
(*) Eurostaf est le pôle d’expertise sectorielle du groupe Les Echos. Ses consultants publient chaque année une centaine d’études de marché. Les secteurs couverts sont les suivants : agroalimentaire, assurance, automobile, banque, biens de consommation, cosmétique, distribution, énergie, logistique, luxe, médico-social, pharmacie, tourisme, transport, sport. Fiche technique de l’étude et contacts www.eurostaf.fr.