Eaux usées
À Lanvénégen (56), le spécialiste des légumes en conserve D'Aucy mise sur une approche circulaire de ses ressources. La société souhaite réutiliser ses effluents de production pour réduire son impact environnement et ses coûts.
Dans la conserverie morbihannaise D'Aucy située à Lanvénégen, propriété du groupe Eureden, les effluents de production sont désormais une véritable mine d'or. L'usine bretonne, spécialisée dans la fabrication de légumes en conserves et en bocaux, a investi ces dernières années près de 11 millions d'euros dans la construction d'unités de valorisation des déchets solides et liquides issus de ses process. Une initiative qui devrait lui permettre de réduire significativement son impact environnemental, ainsi que ses coûts. La ressource hydrique est particulièrement importante pour le site : chaque année, l'usine prélève en moyenne 350 000 m3 d'eau, répartis entre la nappe phréatique et la rivière Inam qui passe à proximité. Après utilisation, l'eau qui est chargée en matière organique après le rinçage ou le blanchiment des légumes est retraitée dans une station d'épuration (STEP) de six hectares, appartenant à l'usine. Elle est ensuite rejetée dans le milieu naturel : soit dans la rivière, soit en irrigation pour les cultures.
UNE UNITÉ DE POTABILISATION
Depuis l'année dernière, le site met en oeuvre une station de purification complémentaire, composée d'un osmoseur inverse Sigma, fourni par la société BWT, et de plusieurs systèmes d'ultrafiltration. L'objectif ? Permettre une réutilisation de l'eau traitée directement sur le site. L'unité de potabilisation possède une capacité de traitement de 400 à 600 m3 par jour et devrait permettre de réinjecter 30 % de la ressource vers l'usine, soit une économie d'eau prélevée de 100 000 m3. Bien que d'excellente qualité, l'eau retraitée ne peut toutefois pas être utilisée dans toutes les étapes, notamment celles au coeur du process de la conserverie. « Il y a des verrous règlementaires qui ne nous permettent pas d'utiliser cette eau propre pour le lavage final des légumes ou encore les étapes de blanchiment, précise Ronan Quentel, responsable de la STEP D'Aucy Le Faouët. La réutilisation à 100 % n'est pas possible. » Pour autant, l'eau retraitée sera mise en oeuvre lors du prélavage des légumes, c'est-à-dire avant d'intégrer véritablement le process ou pour les opérations de nettoyage des sols de l'usine.
UNE PRODUCTION DE BIOGAZ
À côté de ce système de purification, l'usine s'est aussi dotée l'année dernière d'une unité de méthanisation des coproduits végétaux issus notamment des boues de la STEP « Les eaux de lavages contiennent de nombreuses matières en suspension, explique Ronan Quentel. Nous pouvons les récupérer pour la production de biogaz. » Ces boues organiques étaient auparavant épandues sur les champs de la région. Une partie des 12 000 tonnes de coproduits végétaux générées chaque année est désormais orientée vers un digesteur qui les transforme en méthane. L'installation représente un investissement d'un million d'euros et fournit entre 7 et 10 % de la consommation en gaz de l'usine en alimentant l'une des trois chaudières de l'usine. Pour D'Aucy Eureden, ces installations ne sont que les premières étapes de la modernisation du site. L'industriel prévoit d'investir entre 500 000 et un million d'euros chaque année pour rénover l'ensemble de ses structures jusqu'à leur terme. Un système de récupération de chaleur des process a récemment été installé pour réduire les coûts sur les phases de stérilisation. De quoi générer une économie située entre 15 et 20 %.